Les philosophes s'invitent à PSB Paris School of Business ( 2 )

Les loups dominent-ils Wall Street ?

Hobbes et le libéralisme économique

De Hobbes on ne retient souvent qu’une formule qu’il ne fait que reprendre : « l’homme est un loup pour l’homme ».  S’appuyant sur la phrase de Plaute, Hobbes décrit un homme sans foi ni loi, que ne guident que rivalité, méfiance et orgueil, trois piliers de la nature humaine.

Du loup de Hobbes à celui de Wall Street, il n’y a qu’un pas.

Pourtant Hobbes croit que l’Etat, garantissant la propriété privée, protégeant corps et biens, assurant les contrats, transformera le loup en « dieu pour l’homme ». L’animal féroce et sans pitié se métamorphose en bourgeois ambitieux, apte au commerce, avide d’enrichissement, capitaine d’industrie et moteur de la prospérité nationale. L’Etat met fin à la guerre de tous contre tous en favorisant une économie libérale où les passions trouveront leur compte. L’Etat confisque l’activité politique, rogne sur les libertés d’expression, de publication, de réunion, mais laisse le champ libre à l’ambition économique et cela satisfait le citoyen lassé d’une guerre sans fin. Si l’on en croyait Hobbes, l’homme n’est pas un animal politique, mais un animal économique, trouvant là l’espoir de voir tous ses désirs satisfaits. La paix civile peut donc surgir quand le guerrier se change en commerçant, la volonté de puissance en volonté de réussite commerciale. L’Etat, tout au contraire d’être l’ennemi du libéralisme économique en serait condition d’existence.

Hobbes a-t-il raison ? Peut-on troquer sans regret sa liberté politique contre une liberté économique ? Peut-on espérer que le développement économique soit une dynamique pacifique ? Vision prophétique ou obsolète ? L’homo economicus est-il ce dieu pour l’homme annoncé par le philosophe ou le héraut d’un monde sans foi ni loi où la compétition fait rage ?